Alors aujourd’hui, voyageons un peu, traversons même l’Atlantique, rien que ça, pour aller découvrir une des mamans blogueuses québécoises : Christine, de Mamamiiia, l’état de la mère ou la mère dans tous ses états !
Merci de décliner tout d’abord votre identité, pseudo, âge, nombres de gnomes à charge, localisation géographique (ici e-Zabel, police nationale, vos papiers s’il vous plait)
Christine Simard, alias Mamamiiia
âge : version 4.0
gnômes à charge : 1 et demi (l’un d’eux étant en route)
Localisation géographique : Saint-Bruno, Québec, Canada
Droitière
Aime les promenades en forêt et les voyages à la plage
Déteste les gens imbus d’eux-mêmes
Aucun talent manuel à part celui de « tapper » très rapidement au clavier
Je me débrouille en cuisine, mais pas assez pour faire un blogue sur le sujet (mais j’adore ces blogues et je m’en inspire régulièrement)
Déteste faire le ménage et plier des vêtements.
Voilà pour les formalités !
Working maman ou Home maman ou en gros, à part glander à la maison, tu fais quoi comme activités reconnues par la société ?
Je suis une « working maman », gestionnaire au sein du diffuseur public national. J’ai d’abord étudié pour devenir enseignante en histoire, puis j’ai fait ma maîtrise en histoire (chez nous, c’est je crois l’équivalent d’un DES en France). Pendant mes études, je me suis aussi intéressée au développement d’Internet au point tel que j’ai même appris à programmer en HTML. Par la suite, j’ai décidé d’orienter mon cheminement professionnel vers la production de contenu Web et je gravite toujours dans cet univers. L’arrivée d’un deuxième enfant me donnera peut-être l’occasion de réviser un peu mes objectifs de carrière pour mieux concilier travail et famille, mais chose certaine, je tiens à préserver mon indépendance financière et à progresser professionnellement. Aussi, je continue de « militer » informellement pour une société qui permet aux parents de maintenir leurs activités professionnelles tout en prenant soins de leurs enfants. Au cours des vingt ou trente dernières années, beaucoup de progrès a été réalisé en ce sens, mais il reste encore beaucoup à faire en termes d’accessibilité aux services de garde ou d’aménagement des horaires de travail. En fait, une société organisée en fonction des familles prendrait en considération tous les besoins des parents, peu importe la manière dont on souhaite organiser notre vie. Chose certaine, cette société à laquelle je rêve, serait organisée de sorte qu’avoir un enfant ne soit pas synonyme de perte de revenus ou d’appauvrissement. Je fais partie de ceux et celles qui croient encore possible de changer la société. C’est la partie de moi qui a encore vingt ans…
Un papa qui aide un peu, beaucoup, passionnément ou… un quoi ? (un joker peut–être utilisé si le zhom en question est susceptible ET lecteur de blog !) ?
J’ai la chance d’avoir un conjoint qui prend son rôle au sérieux, avec fiston et dans la maison. C’est un papa fantastique qui donne le bain et raconte des histoires, mais aussi qui s’occupe vraiment de l’éducation de son fils. Il ne recule devant aucune responsabilité. Je suis très heureuse, car fiston a vraiment développé une relation privilégiée avec son père, car il joue un rôle central dans sa vie. Fiston fréquente le service de garde situé sur les lieux de travail de son papa et tous les jours, ils se voient à l’heure du lunch. Parfois, papa amène fiston à son bureau, ce qui fait le bonheur du petit mais aussi des collègues de travail. Je n’aurais pu demander mieux, surtout qu’au début, il était très réticent à vouloir des enfants….Aujourd’hui, c’est un papa attentionné et très attaché à son fils.
Ton plus beau souvenir de maman (je sais c’est cucul, mais c’est un blog de fille ici tout de même, il faut respecter quelques règles de base)
J’en ai des tonnes et chaque jour, j’en ai des nouveaux, mais le moment qui m’a le plus marqué est lorsque je l’ai entendu chigner la toute première fois, quelques minutes après l’accouchement. Il n’a pas pleuré, il a seulement émis un petit « gnnannn » qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Pour le reste, je suis étonnée de constater qu’après cinq ans, j’ai parfois l’impression d’avoir oublié comment il était quand il était bébé. Quelqu’un m’avait dit une fois » Tu verras toujours ton enfant au présent » et je crois que c’est vrai dans mon cas. Chaque minute est inoubliable et je ne dis pas ça pour faire cucul!!! Cet enfant m’oblige à m’ancrer dans le présent comme rien n’y personne n’a réussi à le faire avant.
Ton blog : pourquoi, depuis quand, ce qu’on y trouve, tes ambitions, ce qui te plait dans l’écriture… (bref, maintenant que tu es milliardaire grâce à ton blog, peux tu nous en parler un peu plus ?) …
Je suis loin d’être milliardaire avec ce blogue, mais il a une très grande valeur pour moi. J’avais commencé un premier blogue en 2004 pour contester le manque de places à contribution réduire dans le système de garde public du Québec. J’y racontais mes démarches et mes états d’âme pendant tout mon congé de maternité. De retour au travail, j’ai constaté que j’avais besoin d’élargir mon propos et de réfléchir plus longuement – et à voix haute – à ma situation de mère. C’est ainsi que Mamamiiia est né – bien timidement – à la fin de juillet 2006. À l’époque, j’étais si gênée de publier que j’étais anonyme. Puis, un jour de 2007, j’ai décidé de sortir du placard et de m’afficher publiquement en tant que blogueuse…et d’assumer mes opinions. Ce fût très libérateur et gratifiant. Rien ne me fait davantage plaisir que de lire un commentaire laissé par une lectrice (ou un lecteur). Depuis deux semaines environ, j’ai un peu de difficulté à publier, car la fatigue de mon premier trimestre de grossesse me met vraiment KO, mais l’aventure ne fait que commencer avec ce blogue. Il y a tant à dire, tant à écrire, tant à découvrir sur les mères d’ici au Québec et d’ailleurs. Être mère est pour moi un privilège et je crois qu’il faut parler de nos vies, de nos petits et grands bonheurs, de nos défis et de nos moments d’inquiétude. Toutes les fois que je vois un nouveau blogue de mère, je me réjouis en me disant qu’elle aussi fera découvrir à la société un volet de ce qu’est la vie d’une mère. De toutes les époques (et c’est l’historienne de formation qui parle ici), jamais la vie des mères n’a été si bien documentée. Tous ces blogues sont de formidables témoignages pour les générations futures. Toutes devraient en sauvegarder une copie pour la postérité! Je redeviendrai peut-être historienne quand je serai grand-maman, qui sait!
Maman sévère, maman poule ou un mélange des deux ? (Tu les fais marcher à la carotte, au fouet ou aux oui oui mon petit chéri)
Maman poule très anxieuse en thérapie. Avant sa naissance, je connaissais déjà mes tendances pour l’anxiété, mais jamais je ne croyais devenir aussi débile…Pendant la première année, je faisais des crises de panique en voiture, de peur d’avoir un accident. Plus tard, je faisais des cauchemars où je le voyais qui se faisait frapper par une voiture en traversant la rue. Vraiment, j’ai été ainsi un bon moment, jusqu’à ce qu’il devienne un peu plus « petit homme ». Évidemment, je suis encore mère poule, mais je commence à avoir davantage confiance…et je me parle beaucoup. Or, il est hors de question de le laisser jouer devant la maison sans surveillance par exemple. En grandissant, j’espère lui donner tous les outils pour qu’il devienne un jeune responsable, car c’est avec une appréhension bien sentie que je pense à l’adolescence et aux sorties en voiture. avec les copains Oui, je suis vraiment mère poule. Mère sévère? Oui. En fait, nous insistons tous les deux sur les bonnes manières, les marques de politesse et l’apprentissage de tous les comportements qui en feront un petit citoyen socialement acceptable. Nous n’hésitons pas à l’envoyer réfléchir dans le « coin » s’il fait le fanfaron et nous essayons d’être constants avec les punitions : si nous l’avertissons qu’il aura une punition, nous tenons parole! Et ça commence à fonctionner! Je crois qu’un enfant a besoin de cohérence dans sa vie et c’est ainsi que nous abordons son éducation. Il nous arrive de faire des erreurs ou de se contredire, mais l’important, c’est de s’améliorer.
Pour toi, c’est quoi le plus difficile dans la vie de maman ? (oui je suis toujours dans mon objectif de mettre à bas le fameux « c’est merveilleux et que du bonheur d’être maman » !)
Pour moi, le plus difficile dans ma vie de maman a été le jour où j’ai pris conscience qu’en donnant la vie, on donnait aussi un peu la mort. Nos enfants ne nous appartiennent pas et d’accepter de leur donner la vie, c’est accepter aussi (et même si on ne l’accepte jamais) qu’ils pourraient mourir avant nous. Et peu importe l’âge, je crois que le plus souffrant dans la vie d’une parent est de voir mourir son enfant. Devenir parent est un grand privilège, mais je crois qu’il faut être conscient que nous le devenons pour le meilleur et pour le pire.
Champs libre : (vas y exprimes toi, lâches toi, c’est le moment !)
J’ai envie de dire : « mères du monde entier, unissez-vous! »
La condition féminine et celle des mères a beaucoup progressé au cours du XXe siècle, mais je continue de croire qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour faire reconnaître les droits des parents, mères ou pères. Donner naissance à un enfant et en prendre soin jusqu’à l’âge adulte exige de une grande flexibilité et beaucoup de disponibilité dont plusieurs parents ne disposent pas encore. Les progrès sont partiels : ici au Québec, nous avons un congé parental intéressant, mais qu’avons-nous comme flexibilité pour gérer notre famille une fois qu’on retourne au travail? Notre système de services de garde est très bien et abordable, mais les listes d’attentes sont interminables. Ailleurs, notamment aux États-Unis, bien des mères se voient obligées de délaisser leur emploi pour s’occuper de leurs enfants, car il n’y a ni congé de maternité universel, ni services de garde abordables. Avec un seul salaire, des familles s’appauvrissent, car c’est faux de croire que tous les bons papas pourvoyeurs gagent 500 000 $ par année. Pour les familles de la classe moyenne, le fait de se passer d’un salaire signifie souvent endettement ou l’impossibilité d’épargner. Et pour celles qui préfèrent rester à la maison pour s’occuper de leurs enfants, il n’y a pas de compensation financière ou fiscale. Quels moyens nos sociétés respectives pourront-elles mettre de l’avant au XXIe siècle pour aider les familles? Il n’y a pas que les parents qui en sortiraient gagnants…les enfants aussi!
On a eu l’année internationale de la femme en 1975 puis celle de l’enfance en 1979 : ces deux événements ont suscité des réflexions et des améliorations s’en sont suivies. Aujourd’hui, je me dis que nous sommes peut-être prêts pour une année internationale des parents ou de la famille afin d’attirer l’attention internationale sur les nouveaux enjeux auxquels doivent faire face les familles. À mon sens, le statu quo pour les familles dans la plupart des pays est inacceptable. Il faut en discuter haut et fort et sensibiliser l’opinion publique internationale à l’importance de mettre de l’avant des mesures qui donnent aux familles du XXIe siecle – qu’elles soient nucléaires, monoparentales ou recomposées – les moyens de s’épanouir harmonieusement.
17 commentaires
Pas mal du tout cette femme !
Bravo pour ces portraits, tu voit, je met mêm un comm maintenant, j’ai pas envie que les portraits disparaissent !
Bonne journée !
Elles ont une de ces pêche ces mamans québécoises ! J’adore confronter nos cultures et nos habitudes. Ca devient si rare de nos jours.
C’est intéressant de voir une maman aussi engagée dans les actes et les paroles…En plus, version outre-atlantique: j’adore !
Bonne continuation pour ton blog Christine et bon courage pour le petit en route 🙂
Joli portrait!
je suis aussi une maman anxieuse c’est pénible pour moi…
Mamamiiia ! Une maman qui en a des choses à raconter
Un blog que je visite de temps en temps 😉
C’est toujours intéressant d’en savoir plus sur les personnes qui écrivent les blogs qu’on aime lire. Dans ce cas là, instructif même 😉
Aïe… l’anxiété….Un vaste sujet, j’en suis même au point de me demander si je ne devrais pas consulter…
Bref, joli portrait d’une maman anxieusement militante !!
J’ai voté pour le maintient de cette rubrique, que je trouve rafraichissante.
Allez, bon courage chère e-zabel !!
J’adore ton état d’esprit militant Mamamiiia, je cours vite voir ton blog. C’est chouette de mettre des portraits de maman vivant ailleurs que dans notre métropole.
Chère E-zabel! Merci pour cette belle occasion de me faire connaître à tes lectrices! Je me suis dit que ce ne serait pas vilain de reprendre la formule du portrait de mon côté! Ca me permettrait de te faire connaître aussi chez nous et plusieurs autres aussi!
@toutes les autres : merci pour vos commentaires! Et pour les anxieuses parmi vous, n’hésitez pas à en parler, ça permet de dédramatiser!!!!
Je partage le sentiment de Mamamilia concernant la grande documentation que représentent tous les blogs de mamans.
Lorsque j’ai accouché de ma fille ainée il y a 6 ans ½, j’ai dit à ma mère que toutes les femmes étaient des menteuses (cf: tu verras, un enfant ça change la vie, c’est vraiment que du bonheur, etc…). Alors certes, un enfant représente de grandes joies mais aussi d’énormes responsabilités et de multiples angoisses trop souvent cachées.
Le blog est donc un moyen de faire découvrir « un volet de ce qu’est la vie d’une mère » et je trouve cela formidable pour les futures mamans.
Alors merci pour ce très beau portrait.
Bravo pour ton investissement dans la belle cause des femmes qui bossent et veulent voir leurs enfants quand même ! Tu dois être efficace et persuasive car tu le fais avec coeur et beaucoup de peche !
Ouaiiiss, vive le Québec.. Tabernacle.. 😛
Entièrement d’accord avec les conclusions de cette jeune femme ! Il faut que ce siècle devienne celui de la femme, de la mère qui peut travailler et de la famille ! Parce que l’ancien modèle que nous vivons encore un peu malgré tout, c’est tout juste mal adapté à ce que nous sommes devenues.
merci, jai tout devorée pas raté une seule ligne, j’irai faire un tit tour sur son blog
Un très chouette interview d’une charmante bloggueuse rencontrée à la soirée ELLE. Je suis attentivement son blog, depuis !
Je suis vraiment très touchée par tous vos commentaires et impressionnée par la qualité de vos blogues respectifs dont il me fera plaisir de présenter à mes lectrices dès que j’aurai un moment! Merci encore et continuer à vous investir dans la blogosphère!!!!
[version corrigée – oups j’étais distraite! ] Je suis vraiment très touchée par tous vos commentaires et impressionnée par la qualité de vos blogues respectifs qu’il me fera plaisir de présenter à mes lectrices dès que j’aurai un moment! Merci encore et continuez à vous investir dans la blogosphère!!!! Et merci encore à E-zabel!